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La lessive d’antan à Villey le sec
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La lessive d’antan à Villey le sec

Ayant discuté avec Jacqueline et Thérèse de la lessive d’antan, je peux en faire une petite description.
Avant la fin du 19 ième siècle, la lessive se faisait une fois par an, avec de la cendre de bois et rincée à la Moselle.
On attelait le cheval à une charrette, les lessiveuses étaient chargées, avec tout le nécessaire à la lessive, et on descendait par le chemin de la gare, pour arriver à la Moselle. Les plus courageux prenaient la côte des laveuses avec leur ballot de linge et une charrette ou une brouette.
Avant la guerre de 1914, on faisait la grande toilette une fois par semaine et on changeait de linge à cette occasion. Il y avait beaucoup de linge de maison, tous les torchons, serviettes, linge de corps, et les langes de bébés. On ne connaissait pas à l’époque, les lingettes et autres couches culottes.

La lessive était un gros travail pour la ménagère. Brosser, frotter, courbée au dessus du lavoir, dans de l’eau très chaude ou très froide, les mains étaient très abimées, c’était une corvée très fatigante.
Elle triait le linge, le blanc d’un côté, le couleur de l’autre. Il fallait le faire tremper, décrasser au savon, (qu’on faisait sécher pour qu’il s’use moins vite) et des cristaux de soude. On frottait très fort le linge avec une brosse de chiendent ou dans les mains. Le plus souvent, dans les maisons il y avait un puits, donc la ménagère s’installait à proximité sur une table ou sur la pierre à eau de la cuisine et brossait le linge pour le décrasser. Il était encore fréquent de faire la lessive une fois par mois, la laveuse descendait à la Moselle pour faire la lessive de grosses choses comme la toile de matelas les couvertures etc...

Elle installait les caillebottis et les baquets qu’elle remplissait de vieux chiffons pour protéger les genoux. Elle s’agenouillait dedans et commençait son dur labeur. A l’aide d’une grande pince

pour ne pas se brûler, elle sortait le linge de la lessiveuse et

le brossait afin qu’il ne reste plus une tache, souvent il fallait même taper sur le linge avec un battoir. (En Lorraine ont disais : une battoire).
Le linge blanc, sitôt rincé, était mis à sécher sur les prairies, et, pendant ce temps, elle lavait le linge de couleur.

Après l’essorage suit le séchage. Le linge blanc doit être étendu au soleil de préférence, sur un pré ou une corde. Sous l’influence des rayons solaires et du vert de l’herbe, le tissu blanchit, les taches éventuellement restantes disparaissent. Le linge de couleur doit, lui, sécher sur des haies, à l’ombre, au bord du pré. En hiver, le linge est mis à sécher sous l’avancée de toit, quand on en dispose. Un fil d’étendage au dessus du fourneau de la cuisine pour les urgences, sinon à l’abri dans la grange quand il gèle fort, sinon dehors.
Le linge propre est posé dans de grandes corbeilles, souvent utilisées aussi comme berceau pour les tout-petits, puis essoré. Cela paraît curieux, mais nombreux sont les enfants qui, aujourd’hui, ignorent qu’on peut essorer un drap à la main.
Après la guerre de 1914, les ménagères qui trouvaient fastidieux et très fatigant de descendre jusqu’à la Moselle, se sont rendues plus souvent au lavoir communal.
Pour info construction du lavoir contre les auges en 1894, construction du château d’eau 19 juin 1955.

Le lavoir communal comportait une partie pour les animaux, abreuvoir et une partie pour les laveuses.
La lessive se faisait toutes les semaines et le plus souvent le lundi. Nos grand-mères avaient un trousseau satisfaisant, pour pouvoir tenir d’une lessive à l’autre.

La ménagère tassait le linge en rond autour d’un champignon dans la lessiveuse mettait du savon.
La lessiveuse prenait place sur le fourneau à bois, la cuisinière ou un trépied.
Elle remplissait d’eau avec un broc. Le tout bouillait un bon moment. Pendant que le blanc bouillait, elle décrassait le linge de couleur. Quand le blanc était bien bouilli, il était presque propre elle chargeait la lessiveuse sur une brouette ou une charrette et elle allait au lavoir pour rincer ce linge .
C’était la course pour arriver, pour prendre une bonne place car certaines personnes se mettaient tout de suite du côté de la source d’eau propre et faisaient aussi bien le blanc que le couleur à la suite, certaines voulaient rincer du blanc et ramassaient toute la couleur de la précédente.
Le linge rincé abondamment était tordu correctement et mis à sécher.
Même s’il y avait quelque fois des querelles, dans l’ensemble ça se passait à la bonne franquette, des bonnes parties de rigolades faisaient oublier le travail difficile, de plus c’était l’endroit idéal pour colporter tous les potins du village.
Complément à la lessive
Dans un recoin, tout le linge sale de la maison était entreposé dans de grands sacs avec de la cendre de bois pour éviter les moisissures et absorber l’humidité, en attendant le printemps.
Pourquoi des cendres ?
La potasse contenue dans les cendres a un pouvoir actif sur le linge en dissolvant les graisses et en émulsionnant la crasse.
Le jour de la lessive, dans un ordre précis bien établi, les draps, les chemises de femme, les chemises d’homme, les nappes et les taies d’oreiller étaient tous mis à tremper à l’eau froide dans un « cuveau » posé sur un trépied. Sur ce tas de linge, on disposait un morceau de toile de chanvre qui servait de filtre, et des sacs contenant les cendres des feux de la maison.
Le lendemain, une grande marmite d’eau chauffait sur un foyer. Cette eau chaude mais non bouillante était coulée, ni trop vite ni trop lentement sur l’épaisseur du tas de linge, puis recueillie par un trou percé au bas du cuveau. Réchauffée, elle était reversée trois ou quatre fois sur le linge qui fumait un peu et commençait à sentir fort. Cela durait des heures à transpirer, à respirer la vapeur.
Le secret du beau linge résidait dans la durée du coulage, dans la qualité de l’eau cendrée. A la fin de la journée, une eau grise et trouble, douce et fumante embaumait l’air.
Ce travail de trempage terminé, le linge ramolli, était déposé en vrac sur le banc à laver, frotté, tapé puis amené au lavoir pour y être rincé. L’utilisation des lessiveuses en tôle galvanisée avec champignon et les lessives ont supplanté le baquet et le cuveau dés 1885.

Ma grand’mère maternelle était laveuse. Une femme tout en rondeur, douce, patiente, toujours contente. Sa situation précaire a contribué à prendre ce travail de « laveuse ».
Le terme générique est lavandière c’est à dire femme qui lave le linge à la main, mais dans nos régions les salariées étaient appelées des « laveuses »
Elle a commencé dans les années 30 et terminé dans les années 60. C’est à dire une trentaine d’années d’un travail ingrat. Elle travaillait dans des familles aisées, ou pour des familles dont la maman, ne pouvait pas assurer la corvée de la lessive momentanément (maladie, accouchement).
La lessive représentait un travail fastidieux. Le linge était entreposé dans un endroit, sec, et à l’abri des bêtes (rats) pendant toute la semaine. Pour ce qui concerne le vingtième siècle car avant c’était la lessive une fois par an avec des cendres. Dans les années 40-50 quand j’étais petite fille, la lessive se faisait toutes les semaines souvent le lundi.
Nos grand’mères avait un trousseau satisfaisant, pour pouvoir tenir d’une lessive à l’autre.
On faisant la grande toilette une fois par semaine et on changeait de linge à cette occasion. Mais pour autant il y avait beaucoup de linge de maison, tous les torchons, chiffons, serviettes, couches pour les bébés etc. On ne connaissait pas à l’époque les lingettes et autre couches culottes.
La laveuse était souvent attachée à une maison. Elle louait ses services à la journée.
Dans les maisons les plus aisées, il y avait un endroit appelé la buanderie où l’on faisait la lessive, il y avait des auges avec un bord large et incliné et une planche pour brosser le linge, la lessive chauffait dans cet endroit, ce qui faisait une bonne chaleur pour faire le travail.
Ma grand’mère travaillait pour des familles qui avait une buanderie mais, elle allait souvent au lavoir pour les autres.
Il fallait aller au lavoir municipal, l’hiver il y avait une couche de glace qu’il fallait déjà casser pour accéder à l’eau.
La lessive se faisait en plusieurs étapes.
Ma grand’mère se rendait une première journée dans la famille pour préparer la lessive. Elle triait le linge, le blanc d’un côté, le couleur de l’autre. Le linge était trempé puis il fallait, soit à la buanderie soit au lavoir, procédé au décrassage avec du savon, (qu’on faisait sécher pour qu’il s’use moins vite) et des cristaux de soude, il fallait décrasser le linge en frottant très fort avec une brosse ou dans ses mains, sans mélanger « le blanc et le couleur ». Le décrassage était fastidieux, il fallait faire sortir la saleté qui était bien imprégné dans le linge.
Dans des maisons peu scrupuleuses au lieu d’une brosse de chiendent on donnait à la laveuse un bouchon de paille pour frotter le linge.
Ensuite ma grand’mère rangeait le linge dans la lessiveuse, (munie à l’intérieur dans le milieu d’un champignon qui faisait redescendre l’eau bouillante chargée de lessive sur le linge), elle entourait le champignon, avec le linge en mettant du savon et en tassant bien.
La lessiveuse prenait place sur un fourneau à bois un trépied avec feu de bois dessous de façon. Elle remplissait d’eau avec un broc
Quand tout était prêt, elle faisait bouillir le linge blanc. Ca nécessitait un bon nombre d’heure pour porter à ébullition.
Elle mettait à tremper aussi dans des seaux le linge de couleur et commençait à le décrasser.
Une fois le linge bouilli, ma grand’ mère mettait sur une brouette, la lessiveuse, tout son matériel et, descendait au lavoir. Il fallait se presser d’arriver au lavoir dans les premières car, il y avait des places meilleures que les autres, par exemple, à la sortie de l’eau propre, l’eau y étant plus claire.
Son baquet posé devant elle, elle le remplissait de vieux chiffons pour protéger ses genoux et s’agenouillait dedans, et commençait son dur labeur .à l’aide d’une grande pince pour ne pas se brûler, sortait le linge de la lessiveuse, et brossait afin qu’il reste plus une tache, il lui arrivait même de taper sur le linge avec une battoire pour faire sortir le savon. Mais en principe le linge bouilli était bien blanc, s’il subsistait une tache, ma grand’mère utilisait un peu d’eau de javel qui finissait le travail. Le linge ainsi rincé, il était tordu entre les mains pour faire sortir toute l’eau. En cas de grosses pièces comme des draps les laveuses se mettaient à deux pour tordre le drap. Il était assez rare que ma Grand’mère laisse échappé du linge, dans le lavoir sinon il fallait faire vite et le rattraper avec une baguette.

Pour le linge de couleur c’était pareil, il était trempé dans l’eau qui avait servi à bouillir le blanc, brossé et bien rincé.
Le travail était rude, les mains dans l’eau froide ou trop chaude, les efforts pour frotter, la position à genoux, courbée, les pieds dans l’humidité qui par grand froid occasionnait des engelures. A la fin de la journée les mains étaient gonflées et très douloureuses.
Les lavoirs étaient animées, les laveuses discutaient et racontaient les derniers potins du voisinage. Tout étant bien rincé et essoré ma grand’mère remontait la brouette bien chargée à la maison qui l’avait engagée. On lui donnait un petit goûter (pain et fromage) un café et on la payait très peu.
Peu à peu le matériel c’est amélioré on a vu des bacs à laver et surtout des machines à laver et les laveuses n’eurent plus de travail.